Concert le jeudi 5 Décembre 2013 à 20h30
Aller chercher dans les contrées lointaines ou en terre étrangère, dans les «coinstots bizarres» ou sur l’envers des décors familiers, une proximité de soi que l’introspection elle-même ne garantit pas toujours : voilà, de la part du musicien, un pari peu commun et qui, soit dit en passant, ne flatte guère la paresse proverbiale des auditoires, contraints de lui emboîter le pas ou de manquer le coche.
Sa très grande culture rend Guylain Deppe capable de prendre bien des visages.
Il apparaît ici comme ce voyageur au long cours, que sa curiosité pousse à s’attarder à chacun de ses escales, et en même temps à lever l’ancre au plus vite afin d’aller découvrir ce qui se passe un peu plus loin. Il n’est pas de ceux qui rapportent de l’ailleurs ce que l’on nomme des souvenirs, c’est-à-dire des représentations inanimées des choses vivantes. Son bagage n’accueille que des graines destinées à ensemencer sa terre nourricière. Non pour que l’exotisme y prospère, mais au contraire pour y faire germer, loin de tout pittoresque, quelques espèces rares, dont il a fait connaissance dans des songes qui n’appartiennent qu’à lui.
Le moins singulier de l’affaire, cependant, n’est pas que cette flore s’acclimate aussi, et le plus naturellement du monde, à nos propres rêves. D’où il ressort que nous sommes en présence d’un homme qui se paie le luxe de cultiver sans autorisation préalable le jardin d’autrui. Quelle outrecuidance !
— Mais n’est-ce pas là justement ce qu’un artiste est censé faire ? Ou plutôt : ce que, à ne pas faire, il perdrait sa raison d’être ? Alain Gerber
Guylain Deppe : Piano
Marc Michel Le Bévillon : contreBasse
François Laizeau : Batterie
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